Vous avez rencontré nos équipes dans la campagne Eux=MC2. Plongez maintenant dans les coulisses du spectacle vivant et découvrez les métiers qui font battre le cœur de la scène.
Quel a été ton parcours avant de travailler à la MC2 ? J’ai fait mes études à Sciences po Strasbourg puis un master en management culturel à l’université Paris Dauphine. J’ai décroché mon premier poste dans une salle de spectacle, à Paris, Le Regard du cygne, dédiée à l’émergence en danse contemporaine. Cette petite salle existe toujours. C’était une super première expérience où je faisais tout : la billetterie, le budget, les RH, l’entretien… On faisait aussi beaucoup de location d’espaces : le lieu était magnifique. On programmait environ un événement par mois, et j’ai lancé l’idée d’organiser deux festivals avec d’autres salles partenaires, qui existent toujours. J’y suis restée de 2009 à 2014, c’était très formateur. J’ai ensuite travaillé quelques mois pour le chœur accentus et Insula Orchestra, dirigés par Laurence Equilbey, où j’étais administratrice adjointe et responsable de la communication. C’était très intéressant de s’occuper des campagnes de promotion, des relations presse en plus de mes missions habituelles. Et à l’issue de ce contrat, je suis partie en Nouvelle-Zélande pendant sept mois avec un permis vacances travail. J’y ai fait beaucoup de petits boulots, dont cuistot !, et du woofing, c’est-à-dire travailler quelques heures en échange du gîte et du couvert. C’était une expérience incroyable, qui m’a beaucoup appris.
C’est à mon retour en France, en 2015, que je me suis installée à Grenoble, j’ai rejoint la compagnie de Jean-Claude Gallotta en tant qu’administratrice. Je pouvais voir et revoir la même pièce 40 fois, c’était passionnant. Je suivais tout son travail en création, puis les tournées. J’aimais cette énergie de la danse, comme dans My Ladies Rock. Jean-Claude Gallotta a une danse ludique, festive, j’ai beaucoup aimé travailler avec lui, sa manière d’aborder la vie, le travail, qui est très joyeuse. En 2022, j’avais envie d’évoluer et une opportunité s’est présentée à la MC2, alors j’ai postulé. J’avais envie de m’ouvrir à d’autres disciplines, de découvrir d’autres manières de produire, d’être intégrée dans une grande équipe. Ce n’est pas toujours évident de porter seule tout le côté administratif, juridique et budgétaire d’une compagnie ou d’une salle. Je connaissais les équipes et le bâtiment (la compagnie de Jean-Claude Gallotta est installée dans les bureaux de la MC2, NDLR). À mon arrivée à la MC2, je m’occupais de l’administration des productions déléguées et des accueils. Maintenant, je m’occupe uniquement des productions déléguées, je travaille avec de nombreux artistes, c’est très stimulant.
Au quotidien, je suis toujours sur différentes temporalités : ce qui se passe aujourd’hui ou demain, dans trois mois ou l’année prochaine
Raconte-nous ton métier. Je suis toute la création d’un spectacle, puis sa diffusion. Ce travail s’étend sur deux ans ou plus. En amont, d’abord, il faut bien définir le budget de création (de quoi on a besoin, etc.), ensuite je mets en relation toutes les parties prenantes et j’aide à trouver des financements (à répondre à des appels à projets par exemple). Ensuite, il faut organiser les répétitions, les plannings, toute la partie logistique, réfléchir aux droits d’auteurs, s’assurer que le projet soit conforme sur le plan juridique… Chaque spectacle est différent et apporte des problématiques différentes ! Après la vente, une partie dont s’occupe ma collègue Carla Hérin, je fais le lien avec les théâtres qui accueillent le spectacle pour les contrats de cession, les modalités d’accueil, la logistique, la feuille de route. Et évidemment, le suivi budgétaire de la tournée. Cette année, je m’occupe de Reminiscencia, de Malicho Vaca Valenzuela, et de To like or not, spectacle augmenté sur l’adolescence, d’Émilie Anna Maillet. Auparavant, j’ai géré les tournées de Candide et Tout mon amour d’Arnaud Meunier, la création et les tournées de Hors-piste, de Martin Fourcade, du Jour J de Mademoiselle B et d’Adaptação de Gabriel F, et la création du Funambule, de Jean Genet, mis en en scène par Philippe Torreton.
Au quotidien, je suis toujours sur différentes temporalités : ce qui se passe aujourd’hui ou demain, dans trois mois ou l’année prochaine ! To like or not, spectacle augmenté sur l’adolescence, actuellement en tournée, demande un grand temps de médiation. En plus du spectacle en salle, il y a un parcours immersif qui inclut une expérience en réalité virtuelle, et un live des coulisses sur Instagram. Je suis le relais communication sur toutes ces spécificités et j’aide les théâtres à organiser toutes les étapes de ce grand projet.
Quelles qualités doit avoir une administratrice de production ? Il faut avoir la capacité de s’adapter, être à l’écoute, organisée et avoir le sens du détail.
Un souvenir particulier à la MC2 ? Lors de la coordination de la création du Funambule de Philippe Torreton, j’ai eu le privilège d’assister à la toute première rencontre entre le scénographe, le créateur lumière et le chef de l’atelier décor. C’était fascinant de voir comment chacun partageait ses idées, ses envies, et comment, ensemble, ils parvenaient à leur donner une forme concrète. Leurs échanges intégraient immédiatement les contraintes techniques : transport, temps de montage, écoresponsabilité, complexité pour les équipes… Quelques mois plus tard, en visitant l’atelier décor, j’ai même été invitée à donner quelques coups de pinceau. Le jour de la première, j’ai été profondément émue en découvrant ce décor de cirque abandonné, si poétique et puissant. Un moment suspendu.
Quel est ton spectacle coup de cœur cette saison ? J’en ai deux. Il y a Reminiscencia de Malicho Vaca Valenzuela. C’est à la fois très simple et très original. Il fait voyager avec Google Earth à Santiago du Chili, nous raconte l’histoire de cette ville, ce pays, mais aussi son histoire personnelle. Il évoque sa vie, ses grands-parents, c’est très touchant.
Mon autre coup de cœur, c’est Specky Clark. Je ne l’ai pas encore vu mais j’adore le travail de la chorégraphe Oona Doherty. Navy Blue qu’on a accueilli en 2022-2023 est mon spectacle préféré. C’est à la fois esthétique, fort ; sa danse est magnifique et extrêmement touchante. C’est vraiment une performance exceptionnelle.