Dans Le Voyage dans l’Est, prix Médicis, Christine Angot inspecte avec courage l’inceste dont elle a été victime. Stanislas Nordey en livre un spectacle rare, dont l’intensité bouleverse les certitudes et donne corps aux non-dits.
Grand Prix du Syndicat de la critique 2024, Le Voyage dans l’Est a provoqué une véritable déflagration à sa création. À travers ce récit intime et puissant, Christine Angot revient sur les lieux du crime, à l’endroit même où son père lui imposait un premier rapport incestueux. Elle décrit ce champ de bataille qu’est devenue sa conscience. Stanislas Nordey en propose ici une adaptation théâtrale d’une incroyable acuité. Sa direction – radicale, fluide – laisse résonner haut et fort les mots de l’autrice, qui disent tout à la fois : l’inceste, l’emprise, la honte et la culpabilité. Sur le plateau, cette parole est incarnée par trois corps et trois visages. Trois Christine à différentes étapes de sa vie, celle d’aujourd’hui, d’autres plus jeunes qui relatent les faits du passé. À leurs côtés, quatre interprètes complètent une distribution remarquable, qui restitue l’intransigeance critique de Christine Angot, avec pudeur, grâce et détermination