L’écriture ciselée d’Harold Pinter, la mise en scène mordante d’Hubert Colas et le jeu tout en tension et en finesse des acteurs font de ce huis clos psychologique une satire grinçante de la société bourgeoise et capitaliste.
Dernière pièce du dramaturge britannique et Prix Nobel de littérature Harold Pinter, écrite en 1999, Célébration situe son action dans un restaurant branché, au cœur d’une grande ville. Deux couples dînent pour fêter un anniversaire de mariage. Ils sont frères et conseillers en stratégie ; elles sont sœurs et font « de la charité ». Un troisième couple, installé à une table voisine, va bientôt se joindre à la conversation, dans un mélange d’hypocrisie, de cynisme cru et de vulgarité. Peinture acide d’une classe dominante imbue d’elle-même, ces personnages vont progressivement se libérer des conventions et laisser tomber toute forme de bienséance. Pour le metteur en scène Hubert Colas, la force de la pièce – formidable machine à jouer – repose sur l’absence totale de jugement moral. Harold Pinter parvient à faire de la politique sans le dire, relativisant avec humour ce monde d’amertume et de faux-semblants, et laissant percevoir, derrière l’arrogance des puissants, un immense besoin d’amour, de reconnaissance… et peut-être de vérité.