La conquête du Mexique par l’Espagne a mis face à face le peuple aztèque et l’armée de Cortès. L’étrangeté, la violence et la fascination de cette rencontre dote le théâtre d’un incroyable terreau. La poésie singulière du théâtre de Bruno Meyssat s’y fraie un chemin naturel.
Bruno Meyssat déplace son théâtre documenté avec cette rencontre du peuple aztèque et de l’armée de Cortès. La conquête du Mexique par l’Espagne (entre 1519 et 1521) n’apparaîtra pourtant pas à la manière d’un théâtre documentaire sur la scène. Les récits qui ont été faits des évènements, de part et d’autre, viendront nourrir en profondeur le metteur en scène et les cinq interprètes. Ensemble, ils traduiront sur le plateau les traces laissées par leurs lectures, leurs rencontres et leurs recherches sur le sujet. Ce qui se passa avec les habitants de ce « nouveau monde », aussi étrangers pour les Espagnols que s’il s’était agi des créatures d’une autre planète, demeure exceptionnel aujourd’hui. Au-delà de l’horreur, les deux camps se portaient aussi une fascination réciproque. Bouleversant.
Expériences au sujet (des récits) de la Conquête du Mexique (1519-1521)
« La conquête du Mexique (1519-1521) a été documentée par les deux belligérants : par les agresseurs espagnols mais aussi par les aztèques grâce aux moines franciscains qui les ont interrogés.
Nous avons fréquenté ces textes, puis recueilli les actions qui ont éclos au plateau sous l’impulsion de ces récits, par les providences croisées qu’offraient des objets et des sons.
Nous les avons choisies puis assemblées afin d’approcher ce que ce conflit et la colonisation disent de nous, non seulement comme européens impliqués, mais comme humains semblables aux protagonistes de ces événements ; au delà des cinq siècles qui nous en séparent.
Nous ne souhaitons pas seulement raconter ces faits ou vous en tendre un documentaire mais témoigner de ce que peut provoquer aujourd’hui leur découverte et leur observation.
La « Conquête » révèle ces zones grises où l‘éthique s’absente. C’est aussi l’aire où s’affirment toutes nos contradictions et nos ambigüités quant à autrui, à la renommée, à la foi. C’est une expérience turbulente et paradoxale. On est très vite concernés.
BIFACE rassemble donc ce qui nous est arrivé au contact de ces récits, dans la durée et par les façons diverses et personnelles dont chacun(e) de nous a réagi face à ces événements.
D’aucuns les regardent comme l’orée véritable de la globalisation où nous respirons encore. Voici donc une figure bien actuelle à regarder. Son accommodation, sa mise au point est bien l’activité que nous proposons. »
Bruno Meyssat
29 mai 2021
Avec Philippe Cousin, Paul Gaillard, Yassine Harrada, Frédéric Leidgens et Mayalen Otondo