To like or not to like

Émilie Anna Maillet nous plonge, à travers un récit numérique et théâtral, dans la vie virtuelle et réelle d’un groupe d’adolescents avant, pendant et après une soirée. Un projet transmédia composé d’une pièce de théâtre et d’un parcours d’installations numériques avec performance en réalité virtuelle. Une immersion dans l’univers des adolescents, confrontés à la représentation sociale et aux réseaux sociaux. Vertigineux.

Après le parcours d’installations numériques, nous retrouvons les adolescents « réels » en salle, au lendemain de la soirée qui, apparemment, a mal tourné. Les dix personnages semblent avoir flirté, dansé, fait des erreurs : Anaïs, victime de bashing, Gabriel embourbé dans ses mensonges… Le spectacle s’ouvre sur un fil de commentaires publiés sur Instagram qui révèle la violence des relations qu’ils entretiennent sous la surface. Chacun va se débattre avec les révélations qui ont été faites la veille, et va tenter de reprendre le dessus dans cette réalité où tout est amplifié par les réseaux sociaux et les leurs notifications perpétuelles. Sur scène, l’intimité s’exprime sans filtre. Pourtant, dans leurs émotions, virtuel et réel se confondent.

Avant chaque représentation, suivez le parcours d’installations numériques avec performance en réalité virtuelle : Crari or not, durée 45 min

Plus d’information sur le diptyque numérique ici 

Retrouvez tous les personnages dans la web-série To like

On ne paie pas ! On ne paie pas !

La désobéissance civile pour survivre et un titre comme un slogan pour la pièce de Franca Rame et du Prix Nobel révolté Dario Fo. Une satire acerbe et truculente de notre société de consommation, d’une actualité déconcertante et à la mécanique burlesque bien huilée.

Dario Fo a arpenté toute sa vie les estrades des usines pour diffuser aux ouvriers son théâtre si drôle, marqué par son engagement sociopolitique. Ni la censure, ni ses divers procès avec l’État et le Vatican n’auront eu raison de son comique ravageur et de son insolence civique. D’abord écrite en 1974, inspirée par les luttes populaires durant les années de plomb en Italie, il réécrit avec Franca Rame une nouvelle version à l’heure de la crise des subprimes. Dans un supermarché, deux femmes en colère s’indignent face à la flambée des prix. L’une d’entre elles décide de rafler tout ce qu’elle trouve, du millet pour canaris à la pâtée pour chiens. Mais où cacher le butin ? La course poursuite s’engage alors avec les gendarmes dans une série de péripéties loufoques parfaitement réglées par Bernard Lévy. Une farce jubilatoire qui interroge nos propres comportements « Comment agir » ?

L’Endormi, récit rap

Inspiré d’une histoire de gamins qui tourne mal, L’Endormi transcende les faits et casse les codes en mêlant brillamment théâtre et rap. Sans moralisme, ni condescendance, il raconte la possibilité de réinventer sa vie et fait entrer dans nos oreilles de la pure poésie.

Victoire a dix ans, son frère Isaac en a quinze. C’est le boss du quartier, celui qui cogne et ne rate jamais sa cible. Mais depuis quelques jours, Victoire sent qu’on lui cache quelque chose. Entre l’auteur Sylvain Levey et le conteur-slammeur Marc Nammour, la sauce a pris. Valentin Durup, son acolyte du groupe La Canaille, s’est chargé des musiques, Estelle Savasta de la mise en scène. Tous les quatre signent un bijou de spectacle et traitent avec délicatesse d’un sujet grave. Un drame, un soir de novembre 2017, dans le XIe arrondissement de Paris, un garçon de quinze ans meurt poignardé par un membre d’une bande rivale. Quinze ans n’est pas un âge pour mourir. Dans cette pièce, Issac aura, lui, une seconde chance. Un uppercut enthousiasmant où les rêves de Victoire vont défier les pires des pronostics.

Harvey

Un homme présente partout son ami, le très grand lapin Harvey, que personne ne voit. Entre les mains de Laurent Pelly, cette tendre farce, riche en quiproquos, devient un petit joyau de drôlerie et d’esprit.

Connaissez-vous la folle histoire d’Elwood P. Dowd et de son ami extraordinaire, invisible aux yeux des autres ? Les Anglo-saxons répondraient tous par l’affirmative à cette question. Bizarrement, nous autres, Français, connaissons peu le fameux lapin de deux mètres dénommé Harvey, décrit en 1944, par Mary Chase, dans une pièce de théâtre qui remporta un incroyable succès. Ce drôle de conte à la fantaisie débordante était fait pour le metteur en scène Laurent Pelly. Le casting est à l’avenant puisque Jacques Gamblin prête toute sa douceur fantasque au personnage d’Elwood. Une interprétation lunaire récompensée par le Molière du comédien 2022. Nous voguons ainsi de salons bourgeois en asiles d’aliénés avec l’enchantement que nous procure toujours les spectacles d’un des metteurs en scène préféré des Grenoblois.

Petit pays

Authenticité, engagement, franc-parler et poésie : Gaël Faye est tout cela à la fois. Son Petit pays a créé un véritable raz-de-marée littéraire. Inspiré de son enfance, il convoque l’histoire pour appréhender l’entreprise génocidaire et enclencher le devoir de mémoire. Frédéric R. Fisbach universalise l’histoire de cet enfant à qui on a volé ses moments de joie.

Originaire du Burundi, Gaël Faye a été forcé au départ vers la France par la guerre civile et le génocide des Tutsi rwandais de 1994. La guerre, l’exil, la peur, la solitude… cette histoire-là, il la raconte sans faux-semblants, avec la distance nécessaire pour ne pas sombrer. Dans son roman, vainqueur de 10 prix littéraires et traduit dans 35 pays, Gabriel et sa bande d’ados font les quatre cents coups entre l’école et un combi Volkswagen qui leur sert de QG. Mais, très vite, tout s’effondre dans leur petit coin de paradis. Le metteur en scène transpose cette entrée forcée dans le monde des adultes en terrain de jeu. Comédiens et musiciens, noirs, blancs, français ou étrangers, ils seront une dizaine au plateau à questionner nos métissages, nos mémoires et nos propres responsabilités face à l’Histoire. Petit pays, grands traumatismes, immense émotion.

Une jeunesse en été

Levez le pouce et embarquez dans un road-trip documentaire. Installez-vous et laissez-vous guider par cette jeune troupe engagée et ce metteur en scène à la dramaturgie plurielle, qui apportent un nouveau souffle au théâtre français.

Avec Une jeunesse en été, le metteur en scène Simon Roth explore un mode de transport en déroute : l’autostop. Plus précisément, avec ses camarades de promotion du CNSAD, il suit le sillon documentaire d’Edgar Morin et Jean Rouch pour un nouveau tour de France tissé au fil de leurs entretiens du printemps 2021. Entre vidéos et jeux des acteurs, le plateau retranscrit la richesse de leurs interviews, leurs saveurs mêlées où l’on parle autant politique, amours que chaussettes dépareillées. Un théâtre documentaire où la réalité dépasse la fiction et où l’intime relie au-delà des différences. Dans la lignée du cinéma-vérité, la génération des années Covid interroge le monde avec les outils du théâtre sans jamais oublier la joie de la rencontre et la légèreté du voyage.

Jimmy et ses sœurs

Pourquoi les filles n’ont-elles aucun problème pour s’identifier à des héros masculins alors que l’inverse est si compliqué pour les garçons ? Entre humour et suspense, trois sœurs éprises de liberté démontent en un tournemain ce paradoxe et bouleversent les identités assignées.

Odile Grosset-Grange rêvait d’une pièce sensible sur la famille et la place des femmes dans un monde régenté par les hommes. Mike Kenny y répond par un conte moderne où, sous couvert de protéger les femmes, on les enferme, séparées des hommes, coupées du monde. Dans une famille avec trois filles, l’une d’entre elles décide de se déguiser en garçon pour pouvoir sortir. Elle devient Jimmy et commence à y prendre goût. Comment ses sœurs vont-elles réagir alors que dehors la rumeur court que les garçons se transforment un par un en loup ? Un spectacle d’une grande sensibilité qui pose la question de la représentation des filles dans l’imaginaire collectif.

Adieu la mélancolie

Pourquoi la Chine, après avoir suscité tant d’espoirs de progrès et tant d’éloges de réussite économique, a-t-elle adopté un hyper capitalisme despotique et prédateur pour les siens et pour le monde ? Adieu la mélancolie dresse le portrait décapant d’une puissance bâtie sur une tragédie tue et taboue, pour en finir avec l’amnésie institutionnalisée et la lâcheté.

Déjà avec Nous l’Europe, banquet des peuples, Roland Auzet s’attachait à construire un récit européen traversé par l’utopie d’origine et l’espoir d’aujourd’hui. Avec cette nouvelle création, il s’empare de l’ouvrage de Luo Ying. Ancien voyou devenu businessman et poète, il raconte ses souvenirs alors qu’il était garde rouge durant la Révolution culturelle. Vue d’Occident, cette période avait quelque chose de romantique. Elle voyait une jeunesse renverser un système sous la conduite de Mao. De l’autre côté de la Grande Muraille, la réalité a été tout autre : endoctrinement de masse, déchaînement de violence encouragée par le grand timonier. À travers une dizaine de portraits portés par une distribution franco-chinoise, le metteur en scène-compositeur construit une fresque théâtrale qui traite de la réappropriation de l’histoire personnelle et nationale.