Inspirez-vous d’une tradition sicilienne, joignez une troupe cosmopolite aux talents relevés, saupoudrez de sculptures à l’étrange beauté et surtout invitez les morts de la famille à ressusciter. Bienvenue au festin truculent et poétique d’Emma Dante !
Le jour des morts, un vieil homme esseulé invite à dîner tous ses défunts. Dans leur ancienne demeure, ses chers disparus renouent avec la joie de vivre et le plaisir de se raconter. Place à un banquet aussi burlesque que magique, aussi baroque que cocasse. À partir du conte de Giambattista Basile, Emma Dante signe une fresque familiale aussi italienne qu’universelle d’une grande puissance émotionnelle. La danse macabre de Pupo di zucchero lie avec virtuosité mouvement et parole, tradition et modernité, rêve et cauchemar, acteurs et leurs doubles fossilisés par le sculpteur Cesare Inzerillo. Un spectacle total à la poésie iconographique éblouissante et à la partition rythmée. Ou le poème noir d’une artiste majeure de la scène européenne. Notre coup de cœur du Festival d’Avignon 2021.
Qu’est ce qui fait la réussite d’un repas ou la qualité d’une représentation ? Le plat, le texte, le moment, le travail exigeant de ceux qui les ont préparés ? Cuisine et théâtre partagent les mêmes codes. Vous en doutez ? Prenez place à notre table !
Au théâtre, quelqu’un nous raconte une histoire. En cuisine, quelqu’un nous prépare un repas. Cette comparaison et l’envie de rencontre et de plaisir qui l’accompagne sont le point de départ de cette ronde culinaire proposée par Grégory Faive. Dans cette création imaginée à partir de souvenirs familiaux, de recettes ou de textes d’Alexandre Dumas, Escoffier, Brillat-Savarin ou encore de Pokay et Lélette, la brigade de comédiens et comédiennes s’affaire en salle et en cuisine. La préparation prend la forme d’un ballet. La batterie d’ustensiles se transforme en instruments de percussion. Et nous sommes invités à savourer. Récemment nous avons mesuré combien ces deux arts pouvaient nous manquer. Les faire se croiser est une très belle idée !
Tenue de soirée, talons hauts et rouge à lèvres vif, Mademoiselle B. est une célèbre actrice qui remonte sur scène pour faire ses adieux au public. Mais le soir de la première, elle se retrouve face à sa plus grande peur…
Gabriel F., metteur en scène, dramaturge et comédien, incarne dans Le Jour J de Mademoiselle B. une actrice mondialement connue, brisée par la vie au sommet de sa gloire. Après des années d’absence, elle décide de faire ses adieux au théâtre et surtout au public. Le soir de la première, c’est le choc : le public est en grande majorité composé d’enfants, qu’elle redoute plus que tout ! L’artiste décortique ce traumatisme en mots, en musique, en danse, c’est un véritable cabaret qu’elle déploie, mêlant tourbillons d’émotions, de joies et de craintes avouées. Le Jour J de Mademoiselle B. est un conte sur la peur et le courage, sur la force et la fragilité, sur la célébrité et l’anonymat, mais aussi sur les difficultés de la vie réelle et le pouvoir de guérison de la fiction. Un hommage aux grandes actrices, au public et à tous ceux qui rendent possible la magie du théâtre.
Après avoir monté Le Roi Lear en 2007 au festival d’Avignon, Jean-François Sivadier questionne à nouveau Shakespeare. Familier des grandes fresques classiques, le metteur en scène choisit cette fois-ci Othello, avec dans le rôle-titre, Adama Diop, artiste associé à la MC2.
Les Turcs veulent conquérir l’île de Chypre sous protectorat vénitien. Général de l’armée vénitienne, Othello, le Maure, a choisi Cassio pour lieutenant. Cette décision suscite la colère d’Iago, un officier plus expérimenté. Il va alors user de stratagèmes pour détruire le chef militaire. Sa ruse : lui faire croire que Desdémone, son épouse, le trompe avec Cassio. Othello bascule alors dans l’incertitude et la jalousie. Le guerrier épique, presque surhumain, se métamorphose en être souffrant assailli par le doute comme par une nuée de guêpes. Les mots ici sont des armes, ils seront le poison versé dans l’oreille d’Othello par Iago. Le voyage de l’Afrique à Venise, de Venise à Chypre, d’aventures guerrières en tempêtes, se transformera bientôt en un voyage à l’intérieur du cœur à vif d’un homme qui doute de la façon la plus radicale possible.
Spectacle poétique et hilarant, Le Crocodile trompeur a été consacré par le Molière du théâtre musical lors de sa création. Presque dix ans plus tard, sans aucune ride, il revient à la MC2 pour le plaisir des yeux et du cœur.
« Aimer – quitter – dévorer – se laisser mourir ». Ici, la passion des sentiments se vit intensément, mais pas trop sérieusement. Dans un espace inspiré d’un tableau de Brueghel, acteurs-chanteurs-musiciens s’emparent de la légende du Troyen Énée, fondateur de Rome, qui tombe dans les bras de Didon, reine de Carthage. Fin tragique annoncée ! Portée par la musique de Henry Purcell recomposée par l’équipe de La vie brève, emmenée par Samuel Achache, Jeanne Candel et Florent Hubert, cette œuvre collective explose les codes de l’opéra pour raconter l’amour dans un récit liant musique et théâtre. Un « opéra bricolé », à fleur de peau, qui oscille entre minimalisme et spectaculaire, entre allégorie et réalisme, pour offrir tout simplement un moment de fraîcheur et de rire.
Das Plateau interprète, avec beaucoup de poésie et d’optimisme, la version de ce conte écrite au XIXe siècle par les frères Grimm.
Il existe plusieurs versions du Petit Chaperon rouge. Pour leur premier spectacle accessible dès l’enfance, Das Plateau a choisi d’adapter, pour le IN d’Avignon, la plus positive d’entre elles. Une version puissante et subversive, dans laquelle le petit chaperon rouge et sa grand-mère font alliance et finissent par tuer le loup ! Avec ce happy-end, il n’est pas question de petite fille imprudente qui se promène naïvement dans la forêt, mais au contraire, d’une enfant vaillante et courageuse, n’ayant peur de rien, traversant les dangers et retournant le sort.
Pour transmettre ce message joyeux et émancipateur, Das Plateau mêle jeu de théâtre, musique et installation plastique faite de filtres, d’images et de miroirs. Un dispositif audacieux, visuel et auditif, pour faire réfléchir les enfants, les pousser à s’émerveiller, s’identifier puis être soulagés devant ce récit initiatique qui magnifie la solidarité féminine et affirme le droit au mystère, au plaisir, à la liberté, à la peur.
Deuxième création du nouveau directeur du théâtre jeune public Am Stram Gram à Genève, OZ narre le parcours initiatique d’une petite fille qui, confrontée à ses désirs impérieux, trouve réconfort dans la boîte noire de son imaginaire.
Dorothy pique une grosse colère quand son père refuse de lui acheter des chaussures. Noir. L’enfant de 10 ans se réveille dans sa chambre. La paire de souliers rêvés à ses pieds va la transporter dans un voyage fantastique dont elle sortira métamorphosée au fil des rencontres. OZ reprend le canevas du célèbre Magicien d’Oz avec sa ribambelle de personnages magiques, peluches, épouvantail et autres sorcières. Entre les quatre murs vivants de la scène, image du monde intérieur de Dorothy, petits et grands sont conviés. Parce que « Oz » ça veut dire : ose (rêver) (grandir) (apprendre) (ouvrir ton cœur)… à vous de compléter ! Avec délicatesse, Joan Mompart esquisse des débuts de réponses au jeune public pour suivre son propre chemin dans un monde consumériste.
Émilie Anna Maillet nous plonge, à travers un récit numérique et théâtral, dans la vie virtuelle et réelle d’un groupe d’adolescents avant, pendant et après une soirée. Un projet transmédia composé d’une pièce de théâtre et d’un parcours d’installations numériques avec performance en réalité virtuelle. Une immersion dans l’univers des adolescents, confrontés à la représentation sociale et aux réseaux sociaux. Vertigineux.
Après le parcours d’installations numériques, nous retrouvons les adolescents « réels » en salle, au lendemain de la soirée qui, apparemment, a mal tourné. Les dix personnages semblent avoir flirté, dansé, fait des erreurs : Anaïs, victime de bashing, Gabriel embourbé dans ses mensonges… Le spectacle s’ouvre sur un fil de commentaires publiés sur Instagram qui révèle la violence des relations qu’ils entretiennent sous la surface. Chacun va se débattre avec les révélations qui ont été faites la veille, et va tenter de reprendre le dessus dans cette réalité où tout est amplifié par les réseaux sociaux et les leurs notifications perpétuelles. Sur scène, l’intimité s’exprime sans filtre. Pourtant, dans leurs émotions, virtuel et réel se confondent.
Avant chaque représentation, suivez le parcours d’installations numériques avec performance en réalité virtuelle : Crari or not, durée 45 min
Plus d’information sur le diptyque numérique ici
Retrouvez tous les personnages dans la web-série To like